La danse de la décomposition

C’est le temps du ménage du printemps.

Si tu es comme moi, tu as à peine vu passer les derniers mois et soudainement… POUF. Il y a du vert, la promesse de l’été et un rappel de tout pleins de nouveaux projets et d’opportunités. Puis… du verglas. Un retour à la noirceur, au froid. Un rappel d’humilité cette fois. Pour moi, une pause forcée. 

Une pause forcée qui me rappelle que c’est le temps de faire le ménage. Le ménage, dans tous ses sens, est un travail qu’il m’est facile de mettre de côté, mais oh, si important à assurer. Et honnêtement si difficile à faire quand tout ce que j’ai envie de faire est de me prélasser au soleil ou me cacher sous des couvertes avec une bonne boisson chaude. Par contre, je suis aussi enchantée par les odeurs de ce temps de l’année. L'odeur du réveil. La terre mouillée, l’aller-retour du chaud et du froid, la décomposition qui se tout doucement se produit sous les feuilles qui furent cachées tout un hiver. Une décomposition qui vient main dans la main avec la naissance en nourrissant, littéralement, la création.

Décomposition et ménage. La décomposition transforme le déchet en énergie vitale, essentielle pour les petites pousses et nos chers pollénisateurs. Le ménage, ça filtre. Laisser derrière des éléments qui ne sont plus nécessaires pour maintenir ce qui nourrit. Ces deux choses sont le travail d’être vivants, à ce temps de l’année. Un moment pour faire pause, malgré le rythme de la vie qui semble toujours suivre la cadence démentée et accélérée de la machine capitaliste colonialiste patriarchale. Au service de ce que Robin Wall Kimmerrer décrit comme étant l’esprit du monstre Ojibwe connu sous le nom du Windigo.

Question de ménage et de décomposition... J’ai fait une faillite spectaculaire. Je me suis investie pleinement dans un projet auquel j’avais absolument confiance. Un projet auquel je crois toujours, qui a sûrement toujours de la valeur et de l’importance pour les autres. Mais… Il est temps de le laisser se détériorer car nous n’avons pas eu assez d’inscriptions pour le mener à terme.

Déception. Deuil.

 Et en même temps. Un moment de respiration.

Alors, moment de décomposition et opportunité de ménage intellectuel, spirituel. De créer quelque chose de nouveau après avoir laissé le deuil s’installer doucement. Quelle belle combinaison avec une panne d’électricité de 48h me rappelant l’importance de simplement co-exister et laisser place aux pensées. D’abandonner notre illusion de contrôle sur ces évènements remplis de mystère. Et, suite à avoir laissé un peu mes espoirs tomber en morceaux, j’ai pu commencer à faire le ménage et à observer ce qui doit rester et ce qui doit partir. J’ai réalisé quelque chose, une réalisation régulière et constante.

Ce travail n'est pas fait pour être complété seule. J’ai besoin d’aide. J’ai besoin de votre aide. Ma demande est relativement simple mais a des ramifications bien plus profondes qu'on pourrait le croire.

 Pouvez-vous remplir un formulaire? 

Pouvez-vous vous inscrire à une liste d'attente et ainsi faisant, vous embarquer à prioriser votre bien-être en faisant partie avec moi d’une relation imparfaite, humaine, remplie de cœur et de foi dans le pouvoir de la créativité et de la communauté? Vous n'avez aucune obligation. C’est absolument correct de simplement lire, recevoir ce qui arrive de ton côté. Attendre que je fasse le bilan pour que je puisse partager avec vous le résultat de cette décomposition.

Mais si vous pouviez en faire partie?

Une retraite créative où aidants de tous types qui sont toujours aux soins des autres pourront finalement respirer, de/re/connecter en nature et plonger ensemble avec délice de la mythologie. Je vous invite à faire partie de cette tâche parfois peu ragoûtante qu’est le ménage et en plus à y inviter vos gens. Ceci est une invitation à cultiver les bonnes relations, qui sont essentielles pour faire ce travail de vie. Essentielles pour démanteler la machine assourdissante du capitalisme qui nous rends sourds à tout ce qui est autour de nous.

Essentielles pour laisser place au son des oiseaux, à la noirceur guérisseuse et à la richesse de l’odeur de la terre mouillée. Vous êtes invités à vous joindre à cette dance. Remplir un formulaire est le premier pas. Rien ne vous oblige à continuer.

Mais vous êtes invités à cette danse de réappropriation de soi, de son corps et esprit et âme. Une réappropriation de son travail et de son labeur au service de sa communauté. Où l’on apprends à écouter son partenaire, non pas pour lui vendre plus et faire un profit à son dos. Mais pour vraiment, réellement, être au service.

Voyons quel est le son de la danse de la décomposition. Les pas de la danse du ménage. La joie du printemps.

Qui aurais-cru qu’un petit sondage contient tant?